D'abord .. d'abord c'est l'odeur qui dérange, cette impression d'évoluer à l'intérieur de la moisissure et de la putréfaction, dans cette pénombre lourde et humide où même le soleil n'entre plus depuis longtemps. La moiteur elle même semble lourde, pesante et oppressante, un peu comme un manque d'air, une suffocation lente et pénible qui prend la gorge et qui la lâche plus, pour la serrer toujours un peu plus. Ensuite .. ensuite ces ombres furtives, à la démarche comme vacillante et fragile à la fois, surtout là-bas, près du cimetière des oiseaux noirs, sur la petite colline maudite.. Elles évoluent au travers des pierres tombales et autres tombeaux macabres, profanés pour la plupart. Pour passer ici, une bonne masse écrabouilleuse, une bonne dose de courage, une bonne armure, une bonne rage aussi et ça ne fait que quelques goules pilées de plus qui rejoindront les os brisés et éparpillés qui jonchent le sol usé de piétinements depuis tant de temps. Et puis .. et puis il y a cette espèce de fosse béante effrayante de décrépitude mais qui ne peut empêcher d'attirer en dévoilant une infime partie d'une fondation souterraine où rien ne semble laissé au hasard. A force de s'habituer à la pénombre, on distingue un peu plus la pente glissante de boue qui mène à ce lieu étrange.
Mais on distingue aussi en travers de cette même pente, le corps d'un homme de bonne taille étalé face contre terre. Peut être que du bout du pied vous essaierez de le bouger, peut être que du bout des lèvres vous essaierez de lui parler .. quoi que vous tenterez, de toutes façons il ne bougera plus de lui-même, plus jamais. Ses deux mains sont crispées et plantées dans le sol, comme s'il avait voulu ramper, d'ailleurs, aux traces laissées à ses pieds, oui, il a rampé. Seulement quelques petits mètres, comme s'il tentait d'aller se cacher dans cette fosse d'ailleurs. Bizarrement, ses poignets et ses chevilles sont cerclées de traces de lames très incisives, la peau apparemment ayant été soulevée aux quatre extrémités et arrachée .. comme si un début de dépeçage avait été tenté, puis finalement abandonné. Sur son corps couvert de traces de coups et de sang, il ne porte plus qu'un caleçon, caleçon souillé d'une trace marron puante et dégoulinante, sûrement témoin d'une énorme frayeur vécue de ses derniers instants de vivant. Sa gorge est profondément tranchée d'une oreille à l'autre, en plus de diverses blessures profondes portées sur le torse, entre les côtes, dans l'estomac .. le foie. En se penchant sur cette dépouille ensanglantée, vous sentirez sûrement une odeur de brûlé, même si curieusement, aucune cendre ni trace de brûlure n'apparaît sur cet homme ! Bien vite, vous vous apercevrez qu'à quelques pas de là gît un diablotin décapité, sa tête, elle, sera retrouvée un peu plus loin, sûrement dégagée d'un coup de pied après avoir été coupée. Une tête de diablotin sans oreille d'ailleurs, tout comme son maître, qui lui non plus n'a plus d'oreilles, juste deux incisions parfaites de chaque côté de la tête. Vous pourrez chercher autour, aucune oreille ne sera retrouvée. Ni de diablotin, ni d'humain. Mais juste des traces de pas lourds autour du corps .. à bien y regarder, ils devaient être deux pour faire ça. Quant aux vêtements de la victime, eux non plus ne seront pas retrouvés.
Sûrement le mauvais endroit, au mauvais moment.