[R] Recrutement : Daent.

Déjà un mois passé au milieu de la faune de la Baie-du-Butin, le teint noirci par le soleil de plomb, le blondinet a eu le temps d'adopter le comportement adéquat à ce genre d'endroit : aucune vague au risque de se faire remettre en place par les Cogneurs. Cependant assez de temps pour que son visage devienne familier auprès des serveuses, marchands et autres individus côtoyant la taverne.

Les marins qui l'ont accompagné jusqu'ici connaissent plus ou moins son histoire :
Daent, la trentaine, rescapé de Lordearon comme tant d'autre qui a cependant réussi à sortir vivant d'une Inquisition Ecarlate d'où les zébrures de tissu cicatriciel couvrant son corps et cette marque particulière élargissant son sourire d'un côté. Assez bon bretteur, du moins assez pour avoir vécu ( survécu ) un certain temps en Lordearon, offrant ses services à divers nobles déchus, ou rescapés bourgeois, quitta le Nord sur un navire marchand pour se diriger à l’extrême Sud en vu de se renflouer.

Droit dans ses bottes, plutôt discret, il n'est pas du genre à chercher les ennuis mais sait cependant les régler à sa manière, loyal à sa propre vision des choses qui se tient généralement en parallèle à celle de celui qui le paye.

*Daent se dirige d'un pas assuré vers le vieux Dent-d'Or, le saluant avec un certain respect, même s'il sait très bien que pour ce bougre, son respect n'a aucune valeur monnayable, donc,du vent aux oreilles du décharné alcoolisé.
- Je cherche la Bombe. *

Sauf que le vieux John était en train de piquer l'un des plus gros roupillons de sa vie, et se réveilla en sursaut quand le Lordaeronnais l'interpella. Daent aurait pu jeter un regard méprisant à ce vieux débris alcoolique et miteux, mais c'était sans compter sur la main à quatre doigts de Dent-d'or qui était déjà posée sur la crosse de sa pistole et qui trahissait des réflexes de tueur encore aiguisés. L'habit ne fait pas le moine. L'ancien boucanier poussa un grognement en levant les yeux vers Daent, ses yeux gris plissé à cause de la lumière qui filtrait par les grandes et hautes fenêtres grillagées de l'ancienne capitainerie. Une main sur le tricorne élimé pour s'assurer qu'il le protège bien de la lumière, John examina l'homme qui lui faisait face, les traits froncés.

- "T'es pas d'ici, petit. Tu lui veux quoi, à la Bombe."

Daent avisa de sa position, et effectivement il pu être surpris par la dextérité de l'ancêtre, cependant il resta à bonne distance : assez proche pour lui répondre, mais assez éloigné pour ne pas paraître plus menaçant que ça. Il reprit finalement par là où il avait commencé lorsqu'il réveilla le bougre.

" -Effectivement je ne suis pas d'ici... le voyage était couteux, et bientôt je n'aurai plus assez de piécette pour m'offrir du rhum. J'imagine que la Bombe pourrait avoir du travail pour un brave gars volontaire."

John Dent-d'or regarda l'homme de haut en bas, les yeux toujours plissés et le nez retroussé.

- "Et t'es qui." lâcha-t-il d'un air méfiant, dans le brouhaha ambiant de la vieille Capitainerie, où on chargeait et déchargeait d’innombrables caisses de marchandises et tonneaux.

Le blondinet observe la salle un instant avant de reporter son attention sur John.

- Daent. C'est tout ce que je peux vous dire puisque c'est tout ce que je suis, j'ai quelques connaissances en tant que marinier, si cela peut intéresser la Bombe.

John renifla et se laissa aller contre les caisses derrière lui pour continuer sa sieste, jambes croisées. Il lâche quelques mots en rabaissant son tricorne sur son visage pour se protéger de la lumière vive :

- "Alors la Bombe en décidera. File, maint'nant, et laisse moi dormir."

Daent hocha la tête pour s'en retourner vers la taverne, attendant des nouvelles de sa proposition.